La fête des femmes maliennes du SADI

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Le Parti de Gauche a accueilli pour la deuxième fois en ses locaux l’association Aoua Keita des femmes maliennes du parti SADI le samedi 12 mars 2022. A l’issue de la fête et après les discours que vous retrouverez retranscrits ci-après, nous avons posé trois questions au parti SADI :

1 quelle est la position du SADI face à la prolongation de la période de transition ?

2 quelles sont les attentes du parti SADI en matière économique et sociale par rapport aux autorités de transition ?

3 que propose le parti SADI par rapport à la situation créée par le retrait de Barkhane et la présence des mercenaires d Wagner sur le sol national ?

Femmes africaines : le combat continue, soyons solidaires !                   

12 mars 2022                        

Chères Sœurs,

Nous traversons une période où nous ressentons les ravages causés par la crise du capitalisme  devenue encore plus visible en cette 3ème  année de  pandémie mais aussi les ravages causés par l’intégrisme religieux.

1 Alors que le capitalisme pousse vers la pauvreté – les femmes, les classes populaires, les populations racisées, les peuples du monde entier – avec leurs politiques de privatisation, de dépossession et de guerre, le néolibéralisme cherche les clés de sa crise en collaboration avec l’impérialisme ;  aujourd’hui, les contradictions accumulées du capitalisme ont atteint un poids insoutenable avec un niveau d’inégalités jamais vu quel que soit le pays dans lequel nous vivons.

Alors que l’augmentation du chômage, l’insécurité, l’instabilité financière et la concentration des richesses ont atteint des niveaux record, il est clair que le capitalisme a besoin d’accroître l’exploitation des personnes et de la nature pour survivre.

La marchandisation et la privatisation des services publics, la dégradation de la nature,  la crise écologique à l’origine de la crise climatique, sont les effets de l’aggravation du conflit entre le capital et la vie. L’exploitation augmente et les femmes sont les plus touchées, elles qui ont les emplois les plus précaires et les moins considérés. Les intérêts des entreprises priment sur la santé. Les multinationales volent et pillent les terres, sans aucun respect pour les droits humains  et l’environnement, elles imposent des dettes illégitimes aux peuples de tous les continents du monde.

A l’occasion de la journée mondiale des droits des femmes, le constat est sans appel : l’égalité reste un combat à mener. Partout dans le monde, des femmes jouent un rôle essentiel dans l’agriculture mais sont beaucoup trop nombreuses à travailler dans le secteur informel, sans salaire. Au Sud, leurs pratiques ancestrales peinent à être reconnues, alors qu’elles exploitent souvent les terres de manière durable.

2 Quant à l’extrémisme religieux, il contrevient directement à notre idéal de laïcité à savoir le fait d’affranchir la totalité de la sphère publique de toute emprise exercée au nom d’une religion ou d’une idéologie particulière. Cette domination religieuse a sacralisé la domination masculine ;  la laïcité est de ce fait un des leviers majeurs de l’émancipation des femmes  dont vous ne devez pas hésiter à vous saisir chères Sœurs. Il n’y a ici aucune remise en cause de l foi religieuse puisque la laïcité respecte la liberté de conscience. Il y a par contre remise en cause de l’emprise abusive de l’extrémisme religieux sur la vie de tout un chacun et surtout de tout un chacune. L’émancipation féminine, c’est à dire  la recherche de la liberté de la femme et de l’égalité entre les femmes et les hommes, ne va pas sans la laïcité. Simone de Beauvoir a bien démontré à travers l’analyse des mythes que le monde où nous vivons est une construction culturelle faite par les hommes. La répartition du pouvoir, les lois, l’éducation, tout est imprégné dans nos sociétés patriarcales (la Mali comme la France) de cette domination masculine.

Non Dieu ne l’a pas voulu ainsi !

L’émancipation du genre humain ne peut être réel tant que plus de la moitié de l’humanité vit dans l’assujettissement et l’inégalité réelle des droits. Le féminisme est un combat universel qui ne cherche pas à relativiser les contraintes et aliénations selon les cultures contrairement à ces néo-féministes actuelles qui considèrent qu’après tout, le mariage forcé, les mutilations sexuelles, la polygamie imposée, les violences conjugales sont une affaire de culture qu’il faudrait respecter.

3 On voit aussi comment la reconfiguration du colonialisme se traduit par des politiques migratoires racistes, la fermeture des frontières, la criminalisation des réfugiés et la multiplication des blocus économiques, politiques et financiers que subissent les peuples dont les gouvernements ne se plient pas aux intérêts de ce système prédateur. Le conservatisme, l’intégrisme et l’autoritarisme imposent un projet de mort et criminalisent les mouvements sociaux qui osent s’y opposer, tout en proposant de fausses solutions telles que le capitalisme vert.

L’impérialisme n’hésite pas à menacer la paix mondiale pour surmonter cette crise du capitalisme. Après l’Afghanistan et la Libye s’intensifie désormais une « nouvelle guerre froide » le long des frontières entre l’Ukraine et la Russie. Nous savons le malheur qui est le votre chères Sœurs maliennes avec ce djihadisme de trafics et de corruption qui détruit progressivement votre pays. Nous avons dénoncé l’impuissance des interventions armées occidentales qui se contentent de faire des assassinats ciblés et les reste du temps à s’auto-protéger dans leurs casernes. Vous avez réussi à faire dégager Barkhane mais d’autres vont se le récupérer, le Niger en particulier. Il a fallu pour cela en passer par deux coups d’Etat, ce que nous désapprouvons de manière générale, mais était il possible de faire autrement quand on subit le joug de dirigeants autocrates et prédateurs et le joug d’une ancienne puissance coloniale nostalgique de sa prétendue grandeur passée ! Nous comprenons l’exaspération du peuple malien face à une occupation qui a trop duré là où il eut fallu travailler la main dans la main et s’entraider. Seuls les Maliennes et les Maliens peuvent désormais venir à bout des problèmes des maliens, dommage qu’il faille pour cela trouver un appui auprès d’un autre prédateur à savoir le russe de Wagner, c’est-à-dire des mercenaires sans foi ni loi se payant sur les ressources du pays. Ce n’est pas cela que nous souhaitions pour nos deux peuples.

4 Nous continuerons à défendre la solidarité et la paix !

Il est donc urgent que nous poursuivions nos stratégies collectives et solidaires pour placer au centre de nos actions la durabilité de la vie dans le monde entier, à partir de notre auto-organisation et dans des alliances avec des mouvements sociaux qui visent à transformer l’économie pour démanteler le pouvoir des multinationales.

L’économie, la santé et la souveraineté alimentaire s’effondrent alors que l’exploitation, le pillage et le bellicisme augmentent de jour en jour. Alors que les gouvernements réactionnaires-fascistes provoquent une augmentation de la violence contre les femmes, ils tentent également d’exclure les femmes de la sphère publique et de les limiter à leur rôle dans la famille.

Pour cette raison, ce n’est pas un hasard si la révolte féministe, partout dans le monde, déborde les mouvements de résistance contre le néolibéralisme et les gouvernements néofascistes. Nous savons que se battre pour les droits des femmes c’est aussi se battre pour les droits des hommes. Ce féminisme là, celui qui touche à l’universalisme à hauteur du genre,  cumule les dimensions sociales, de couleur de peau, de genre c’est-à-dire  à rétablir l’égale dignité des personnes telle que définie par la révolution française.

Les grèves féministes qui, ces dernières années, ont laissé des traces, disaient « si les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ».  De l’Égypte à la Tunisie, des États-Unis à L’État espagnol, ensemble, nous avons assisté à une vague similaire en Turquie et au Brésil, et un peu plus tard du Chili au Soudan. Une révolte féministe qui prend tous les féminismes de l’histoire dans sa besace et s’élance vers un nouveau féminisme…

Partout dans le monde, les femmes sont à l’avant-garde de la demande de changements systémiques. Prenons l’exemple des pays du Sahel. Des inégalités socio-économiques et culturelles bien ancrées fragilisent depuis trop longtemps le statut de la femme en Afrique de l’Ouest. Leurs effets pèsent lourdement sur la capacité des femmes à ”savoir”, “pouvoir” et “avoir”, tant au sein de leurs familles que dans leur environnement social. L’invisibilisation des efforts consentis par les femmes renforce ces mêmes inégalités. Face aux dérives patriarcales, il faut  travailler pour le développement général des territoires, pour les hommes comme pour les femmes, mais avec un accent particulier sur la promotion du leadership féminin et de la dignité de la femme.

Cela est possible ! L’exemple des jardins agro-écologiques au Burkina qui sont construits et entretenus par des femmes est intéressant : elles mettent à profit leurs pratiques, reprennent la maîtrise des terres et valorisent leurs techniques traditionnelles, trop souvent dévalorisées. Ainsi, elles deviennent économiquement indépendantes et contribuent à l’innovation sociale et à l’autosuffisance alimentaire sur tout leur territoire. Mais je suis sûr que vous avez plein d’exemples de ce genre à nous raconter.

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Nous sommes sans haine contre les prédateurs et exploiteurs de toute sorte, mais notre combat commun fait que nous avons intérêt à travailler ensemble. L’union fait la force !

Alors soyons solidaires hommes et femmes, opposons nous à toutes les formes de violence, au travail, dans les syndicats, dans les organisations politiques, dans les écoles, dans les quartiers urbains, les villes et les zones rurales, où que nous soyons.

Réaffirmons la liberté, l’égalité, la justice, la paix et la solidarité comme nos valeurs fondamentales. Bâtissons ensemble un socle solide, femmes et hommes, du sud et du nord, contre l’exploitation des peuples et de la nature, pour l’émancipation et le progrès solidaire.

C’est dans cet esprit que nous élaborons actuellement un projet de manifeste internationaliste qui permettra de nous rassembler et de resserre nos relations dans un esprit d’entraide réciproque. La lutte continue et nous vaincrons !

Chères Sœurs,  j’ai dit.

Pierre Boutry

Secrétaire Exécutif du Parti de Gauche

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Chères sœurs,

Nous sommes tous réunis en ce jour, au siège du parti de Gauche pour la journée de la fête des femmes maliennes du parti SADI association Aoua Keita.

Mes premiers mots seront des mots de solennels remerciements adressés à vous, pour votre votre présence massive à cette rencontre.  L’essentiel de mes propos portera sur la situation politico-sécuritaire au Mali voire en Afrique de l’ouest, et surtout de la situation de la femme au Mali.

Concernant la situation politico sécuritaire,

 On constate actuellement que plusieurs coups d’État orchestrés par des officiers supérieurs de l’armée, ont eu lieu dans des États sahéliens francophones Ouest-Africains, avec un fort soutien des populations. Le Mali par exemple, a respectivement connu deux coups d’État militaires le 19 août 2020 et le 24 mai 2021. En Guinée, les forces spéciales renversent le gouvernement d’Alpha Condé, le 5 septembre 2021 au profit de leur chef, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya.  Le 24 janvier 2022, au Burkina Faso, c’était au tour du président Roch Kaboré d’être renversé par un coup d’État au profit du lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba. Plusieurs États en Afrique de l’Ouest sont sous la menace d’un soulèvement de l’armée.

Ces interventions de l’armée dans la vie politique semblent se propager à l’échelle régionale et ce, en pleine guerre contre le terrorisme. Les militaires se présentent aujourd’hui comme une nouvelle alternative aux pouvoirs politiques locaux, jugés incapables de trouver une solution adéquate pour recouvrer sur leur territoire l’entier exercice de la souveraineté de leur État, face aux groupes djihadistes toujours présents dans le Sahel. Les pouvoirs politiques sont aussi jugés incapables de faire face à la situation économique désastreuse, qui favorise le mécontentement de la population, mais aussi le recrutement d’une jeunesse africaine en perte de repères par les différents mouvements djihadistes. Enfin le sentiment se répand parmi les populations que les forces armées occidentales sont incapables de venir à bout d’un ennemi aussi diffus et déterminé.

 Le laxisme des pouvoirs politiques devant une situation économique et sécuritaire désastreuse.

 Il est important de partir du principe que les États africains sont souverains. De ce fait, ces derniers sont en principe, capables de briser toutes formes de résistance internes et externes. Cette responsabilité revient naturellement aux chefs d’États qualifiés de « garant de l’intégrité du territoire » par leurs Constitutions respectives. Cependant, ces « chefs suprêmes des armées » incarnent plutôt la faiblesse des États, de par leur laxisme. Le 13 janvier 2020, au sommet de Pau, ces derniers confirment la théorie de « l’État faible » en Afrique, en demandant à la France de poursuivre son engagement militaire dans le Sahel, espace territorial qui relève pourtant de leur souveraineté. Cependant, sur le plan interne, la corruption et la mauvaise gouvernance avaient atteint leur paroxysme et la gestion des différentes armées nationales s’avérait être catastrophique.

Ainsi, le 14 janvier 2021 à Inata, au Burkina Faso, plusieurs gendarmes livrés à eux-mêmes, en manque de matériel, d’effectifs et de provisions, sont massacrés par les terroristes. Ces attaques restent la principale cause immédiate du renversement du président Roch Kaboré jugé incapable de mettre un terme à l’insurrection djihadiste en cours depuis 2015.

Au Mali, le renversement du régime d’Ibrahim Boubacar Kéîta dit IBK, a été́ précédé́ par des mois de contestation contre l’impuissance ou l’inertie des autorités devant la propagation des violences de toutes sortes, la pauvreté́ et la corruption.

En Guinée, la situation économique n’a cessé de se dégrader sous la présidence d’Alpha Condé : en 2018, 55 % des Guinéen(ne)s vivent sous le seuil de pauvreté. Là encore, les putschistes affirment avoir renversé le président Alpha Condé dans le but de mettre fin à la gabegie financière, la pauvreté et la corruption endémique.

Toutefois, si la plupart des putschistes bénéficient toujours du soutien de leur différentes populations, ces derniers devront être en mesure de répondre concrètement à leur attentes,  en leur assurant  une « transition militaire réussie », en épinglant  les réseaux de corruptions qui sévissaient dans leurs États respectifs, et assurant une passation pacifique du pouvoir à un gouvernement élu, avant de trouver de nouvelles solutions nouvelles avec tous les acteurs  présents dans le Sahel, pour bouter  les djihadistes hors de la zone sahélienne.

Quelques inquiétudes sur la durée et la réussite des différentes « transition militaires ».

Les différents putschistes au Mali, en Guinée et au Burkina Faso ont bénéficié d’un « plébiscite populaire », en mettant fin à des régimes corrompus. Mais un coup d’état reste avant tout un acte anti-démocratique, une rupture de l’ordre constitutionnel caractérisée par le renversement de régimes démocratiquement élus. Ce principe est d’abord contraire au mécanisme régulateur des organisations régionales (Cédéao) ou internationales, qui prévoit naturellement des sanctions.

La plupart des transitions militaires réussies en Afrique reposent essentiellement sur deux principes fondamentaux : D’abord, elles furent de courte durée. Ensuite, le président-putschiste ne s’est pas déclaré candidat. Ainsi en 1991, le général Moussa Traoré est renversé par un push, après 23 ans de dictature. Par la suite, le Comité de transition pour le salut du peuple dirigé par le colonel Amadou Toumani Touré gouverne provisoirement le Mali du 26 mars 1991 au 8juin 1992 (1 ans 3 mois). En avril 1992, Alpha Omar Komaré est élu démocratique à la tête du pays.  Cependant, cette période pendant laquelle le Mali était considéré comme un exemple en matière de démocratie, est révolue.  Depuis 2012, le pays qui fait déjà face à la montée du djihadisme, connait une succession de Coups d’Etat.

Aujourd’hui, le régime du colonel Assimi Goita, au pouvoir depuis mai 2021, choisit d’imposer un « mandat présidentiel » de cinq ans, entrainant le peuple malien dans « des bras de fer » contre la France et l’ensemble des forces internationales présentes sur son sol. Une telle dérive annonce l’échec de la transition militaire au Mali, d’autant plus que le territoire Malien n’est toujours pas libéré des groupes djihadiste malgré le soutien du groupe Wagner.

La junte militaire burkinabée a fixé la durée de la période de transition à trois ans. Une durée plus courte que le « mandat présidentiel » d’Assimi Goita, mais jugé excessif, par rapport à la logique d’une « transition militaire ».

Toutefois, la charte de la transition signée dans la nuit du 28 fevrier au 1er mars 2022, prévoit des élections présidentielles, législatifs et municipaux, au terme de cette transition, Le chef de la junte qui, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, présidera le pays dans l’intervalle.

En Guinée Conakry, un document non identifié circule en ce moment dans le pays et sur les réseaux sociaux. Il fixe la durée de la transition à 3 ans. Ce qui suscite des rumeurs au sein de la population. Le « Chronogramme de la transition » non authentifié est détaillé dans huit pages datées du 3 février 2022, alors que la junte militaire n’a officiellement fixé aucune date pour la tenue des élections. Cette situation confuse, pousse 58 partis politiques, dont l’UFDG de Cellou Dalein Diallo et l’UFR de Sidya Touré, à signer le 10 mars 2022, une déclaration dans laquelle ils dénoncent des dysfonctionnements qui, selon eux, « entravent la conduite réussie de la transition ». Ils estiment que la junte tarde à accomplir les actions nécessaires pour un retour à un ordre constitutionnel.

Cette fin de l’état de grâce des mutins en Guinée Conakry, pourrait aussi s’annoncer au Mali et au Burkina Faso.

Un avertissement aux putschistes constitutionnels

Les coups d’État en Afrique sont parfois contagieux lorsqu’il existe des similitudes quant à leur origine. Si le renversement du président Alpha Condé en Guinée fut apprécié par une bonne partie de l’opinion africaine, c’est à cause du troisième mandat illégal qui fut accompagné de graves violations de droits de l’homme et de répressions brutales contre les personnes qui s’y étaient opposées.

Les manipulations constitutionnelles constituent un véritable obstacle à la démocratie en Afrique. Cependant, elles  se sont déroulées dans plusieurs pays francophones d’Afrique de l’Ouest, face à des oppositions civiles impuissantes et sous le silence de la CEDEAO  et de la Communauté internationale. Mais, la Guinée victorieuse du dictateur Alpha Condé, pourrait servir d’exemple pour contrer plusieurs dictateurs francophones ouest-africains qui souhaitent se maintenir au pouvoir par ces pratiques anti-démocratiques.

Nous n’avons pas l’habitude d’applaudir les coups d’État militaires pas plus que les coups d’État constitutionnels. Nous observons simplement que les peuples guinéens, maliens et maintenant burkinabé y voient la seule solution pour recouvrer leur dignité. Ce que les Ivoirien(ne)s aiment appeler un « coup d’éclat militaire » pourrait devenir une « solution » à l’impasse dans laquelle se trouve l’Afrique subsaharienne francophone si aucun changement radical n’est opéré dans la politique africaine française et si les dictateurs en place ne sont pas dégagés rapidement par leur peuple. Il va de soi que qu’une telle « solution »  ne peut être que provisoire et bornée dans le temps afin qu’une période de transition de deux ans maximum puisse permettre de remettre en place des institutions et des processus démocratiques.

La situation de la femme au Mali

Le 8 mars 2022, a été célébré la journée internationale de la femme. Au Mali, cette journée intervient alors que les femmes sont confrontées à de nombreuses difficultés notamment les violences sexuelle et physique, mais également leur mise à l’écart dans les prises de décision.  Aujourd’hui, 60 % des emplois sont occupés par des hommes contre 40% par des femmes qui occupent majoritairement des postes subalternes. Il existe également au niveau de la rémunération un écart moyen en défaveur des femmes salariées de l’ordre de 30 % dans le secteur public et 15 % dans le secteur privé.

La situation sociale et professionnelle des femmes est souvent inférieure à celle des hommes pour diverses raisons, toutes liées à l’éducation. Ce phénomène est encore plus préoccupant dans les pays africains, en raison de la légitimité que lui donne l’éducation traditionnelle.

Au Mali, la sous-scolarisation des filles a commencé avec l’école coloniale. De nos jours, le problème persiste malgré les initiatives visant à améliorer l’éducation des filles et des femmes, depuis la réforme de l’enseignement de 1962.  Au Mali, les filles sont confrontées à certains obstacles en ce qui concerne l’accès à l’école, le maintien dans le système scolaire, l’orientation et la qualité des enseignements reçus.

Parmi ces obstacles, on note notamment :

– L’obstacle des coûts financiers

En Afrique et au Mali en particulier, l’école n’est pas totalement gratuite, car les familles prennent en charge les frais d’inscription, de fournitures, de déplacements, etc. Plus l’élève avance dans sa scolarité, plus ces frais augmentent et moins la fille a de chance de poursuivre ses études car les familles modestes préfèrent investir dans l’éducation du garçon, lequel est considéré de fait comme étant la relève du chef de famille.

Deuxième obstacle, la violence faite aux filles.

La violence ainsi que la peur de la violence dans et hors des écoles sont des entraves à la scolarisation et à l’achèvement du cursus pour les filles. Des violences de la part des enseignants ou d’autres personnels, notamment le harcèlement sexuel ou les discriminations de genre, ne sont pas rares.

Troisièmement obstacle, les distances à parcourir

L’éloignement de l’école peut constituer une entrave à la scolarisation et au maintien de la fille à l’école dans le milieu rural. Lorsque l’école est trop éloignée des enfants, les parents préfèrent déscolariser les filles, qui, en raison des tâches ménagères qu’elles ont à effectuer, ne peuvent pas supporter les distances quotidiennes à parcourir.

Quatrième obstacle : le mariage et les grossesses précoces

Selon Plan international, en Afrique, plus de 50 % de filles donnent naissance à leur premier enfant avant l’âge de 21 ans. La grossesse précoce entraîne souvent un mariage précoce

Au Mali, entre 2006 et 2011, 50,4 % des mariages concernaient les filles âgées de 15 à 19 ans et 20 % de ces filles vivaient dans des familles polygames (Walker, 2013).  La jeune fille mariée connaît donc un décrochage scolaire plus précoce, avec le poids des activités familiales

Cinquième obstacle Le poids de la tradition et des activités familiales.

Sixième obstacle : l ‘insécurité

Dans certaines régions du nord et quelques zones du centre du pays, l’insécurité, liée au terrorisme que le Mali connaît depuis 2012, constitue aussi un obstacle à la scolarisation.

En outre, la pratique du mariage religieux non reconnu par l’État est courante. Elle peut engendrer des problèmes notamment en cas de polygamie, les co-épouses n’ayant pas les mêmes droits selon que le mariage est religieux ou civil. D’après les informations fournies par les organisations non-gouvernementales rencontrées par la FIDH, il existe des localités où aucun mariage n’est validé par les autorités civiles et ce, sur plusieurs générations.  Certaines ONG  informent alors la population et procèdent à des « mariages collectifs » dans certaines localités afin de valider civilement les mariages religieux. De même, la répudiation, pourtant interdite par l’article 234 du code pénal continue d’être pratiquée.

Toutefois, depuis plusieurs décennies,  les autorités maliennes, soutenues par des institutions internationales, ont développé des stratégies pour promouvoir les droits des femmes sur le plan politique, économique ou juridique. Des actions  en faveur de l’éducation ont permis une amélioration du taux de scolarisation des filles.  Mais beaucoup reste encore à faire !

Je vous remercie.

.Oris Bonhoulou

Commission Afrique du Parti de gauche

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